Il est intéressant d’observer comment le cheval qui connait l’exercice du piaffer, et qui l’a appris sans contrainte, vient se mettre dans le mouvement – demander, laisser faire – “Ecouter son cheval, c’est être attentif à ne point le déranger quand il se manie bien.” Baucher. Kelso serait-il bauchériste en se mettant dans la position qui mène au geste ?
Dès qu’il a compris ce que j’attends de lui, il va progressivement se mettre dans l’attitude qui va lui permettre au mieux l’exécution du mouvement.
Il y a donc de sa part une préparation de posture, via différentes flexions de certains zones articulaires, un raccourcissement de la base de sustentation par engagement des postérieurs, un transfert de poids vers l’arrière main par élévation de l’encolure entre autre… Kelso se prépare seul, il se positionne dans l’équilibre qu’il considère le plus jute à l’exécution la plus facile du mouvement. “Cette attitude est prise par le cheval voulant assurer sa propre disponibilité. Il se met à sa disposition.” Pierre Pradier. “ La position est la répartition normale du poids en raison du mouvement qui en est la conséquence.” Faverot de Kerbrecht.
Le ramener ne lui a pas été appris par une méthode éthologique, il s’agit d’un mouvement naturel faisant parti de l’attitude de rassembler que prend le cheval en liberté. Sans cavalier, le facteur poids n’est pas à compenser et l’absence d’enrênement lui permet de ne pas lutter contre une mise en main imposée faussant le système « recherche des allures naturelles ».
“La vérité recherchée est toujours au delà de tout système coercitif et contraignant…” Pierre Pradier.
Il s’agit bien là d’une attitude d’ensemble, provenant du corps entier qui se raccourcit, tout fonctionne sans raideur, l’attitude prise pas l’encolure et la tête vient en dernier dans le « protocole Kelso » : il est déjà dans l’équilibre pour piaffer avant que le mouvement induise l’arrondissement et la flexion tête encolure. Il semble alors évident que ce n’est pas par là qu’il faut commencer en voulant imposer une rondeur d’encolure et une mise en main dès le début à un jeune cheval dans le but de l’arrondir dans son ensemble.
Parfois Kelso se met dans une attitude qui ressemble d’avantage aux gravures de La Guérinière (nuque le point le plus haut, chanfrein ouvert) qu’aux stéréotypes actuels de compétition, où la recherche de naturel semble délaissée.
Cette attitude prise, elle n’est pas sans induire une émotion, le cheval se retrouve par sa posture dans une attitude de mise en valeur, d’excitation, voir de stress, l’attitude induit ici l’émotion. “…l’attitude du rassembler, elle-même, anime le cheval qui l’adopte.” Pierre Pradier
La difficulté en art équestre est donc de ne pas subir l’influence de cette nouvelle émotion dans le reste du travail, ce qui se traduirait surtout chez le cheval chaud et sanguin, manquant de force, par une précipitation des allures, une perte de décontraction, des mouvements plus brusques, une fuite du mors, une perte de rectitude pour fuir les aides, une anticipation aux demandes, comme le départ au galop heurté, enfermé et précipité… Il est alors primordial de lui apprendre à gérer cette émotion naturelle et l’aidant à trouver une solution de retour au calme. Ainsi, en le plaçant dans une nouvelle attitude, celle associée au calme, décontraction, relaxation, confiance et respect (encolure basse), on peut retrouver immédiatement un relâchement et faire comprendre à l’animal que la demande de piaffer n’est pas associée à un énervement. La notion de timing fut forte utile avec Kelso, l’important étant le moment où l’on arrête la demande et non la demande en elle-même : la subtilité étant d’arrêter la demande et récompenser à peine le cheval a-t’il eu l’idée du mouvement (en commençant à se positionner dans le bon équilibre)…
L’aspect physique et émotionnel du cheval sont très intimement liés, qui de l’un ou de l’autre est le premier à engendrer le second … ? Ce qui est sûr c’est qu’il est difficile d’appréhender le dressage d’un cheval en ne s’occupant que de la locomotion mécanique et scientifique, ce serait passer à côté de l’essentiel, au choix après si l’on veut être artiste ou technicien.
Fin de vidéo : récréation.
L'association Connivence
Cette association (loi 1901 à but non lucratif) à vu le jour en 2009, créée par Emilie Haillot dans le but de promouvoir, sous la forme de stages et conférences, la complémentarité de 4 approches autour du cheval : la connaissance du cheval physique ( biomécanique, énergétique…) , la connaissance du cheval psychique (éthologie, horsemanship…) , la gestion physique et énergétique du cavalier, la technique du dressage du cheval selon les préceptes classiques.
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