Ce n’est pas faute d’avoir parlé de toi.
Gustave Steinbrecht (seconde moitié du XVIIIème) avait cité Mossdorf : “Le cheval doit apprendre à retrouver son attitude naturelle et à se mouvoir sans gêne sous le poids du cavalier avec une encolure étendue et le nez bas ; s’il arrive à garder cette attitude sans contrainte, il se décontracte. On reconnaît la décontraction du cheval, lorsqu’il trotte en rythme avec de l’amplitude, sans se précipiter, vers l’avant et avec l’envie d’étendre son encolure vers le bas et de descendre le bout de son nez ; prendre ainsi appui sur la main, en étant souple dans son dos et porter sa queue de manière naturelle et sans crispation. La décontraction du cheval est la première condition pour la réussite de l’ensemble du dressage.”
Capitaine Saint Phalle (même époque) confirmait “la descente d’encolure est, en effet, une excellente manière d’entretenir l’impulsion en habituant la bouche à poursuivre le mors et à en chercher le contact sous l’action des jambes ; ce résultat suffirait à lui seul pour recommander l’emploi fréquent de cet exercice.”
Nuno Oliveira (fin XXème) précisait : “Ne pas placer la tête d’abord. S’occuper du dos en premier lieu.” Ajoutant “Si un cheval ne met pas son nez par terre à la demande c’est qu’il n’a pas lâché son dos.”, puis d’insister : “Règle d’or : pour les jeunes chevaux :
d’abord le travail 1) en avant, 2) et le nez par terre. Le ramener viendra de lui-même. », de peur de n’avoir été compris il continue : “ Si un cheval n’est pas capable de donner une descente d’encolure correcte aux trois allures, en restant cadencé, sans creuser le dos, c’est que le travail n’a pas été bon.”.
Plus récemment, le vétérinaire Gerd Heuschmann : « “Lorsque l’ensemble tête-encolure est dans une position basse, ils tirent – avec l’action passive concomitante du ligament nuchal – les longues apophyses épineuses du garrot vers l’avant et peuvent ainsi, grâce au ligament supra-épineux, soulever le dos et soulager le muscle long dorsal. » Il poursuit : “Il se crée ainsi une relation étroite entre l’ensemble tête-encolure et le thorax. Cette corrélation anatomique explique l’influence directe de la position et de la longueur de l’encolure sur la biomécanique du dos.”, “… le jeune cheval apprend très vite, dans cette attitude, à employer son arrière-main de façon dynamique (propulsion des postérieurs) et à laisser passer l’impulsion à travers le dos et la nuque jusqu’au contact de la main. C’est l’unique moyen pour créer le bon contact indispensable de l’arrière vers l’avant.”.
Dans un autre pays, un autre vétérinaire, spécialiste de la locomotion, semblant avoir fait la même analyse, Pierre Pradier indique (entre autre) que cette attitude permet de « faire travailler tous les muscles qui assurent sustentation et motricité…”, que “…l’allongement de l’encolure vers le bas, le nez loin, attitude favorable au relèvement du dos.”.
Je ne cite pas Jean-Marie Denois, encore un autre vétérinaire spécialiste de la locomotion, ce serait répéter les mêmes principes biomécaniques.
L’Américaine J.Aristotle Balou nous en rajoute une couche, dans son très intéressant « guide de préparation physique du cheval » où elle résume la façon dont un cheval travaille par 3 possibilités : soit il va s’améliorer (puissance, symétrie, souplesse, impulsion, disponibilité, amplitude, tonicité…) et rester en forme longtemps, soit il ne va en tirer aucun bénéfice, soit il va en pâtir. Tout un chapitre s’intitule « l’attitude, facteur déterminant de la puissance » et fait l’apologie de notre fameuse posture, elle met en avant et en détail que le positionnement de la tête et de l’encolure du cheval pendant l’exercice détermine s’il mobilise convenablement son dos…
Mais arrêtons là le catalogue, les piles de livres sont hautes… (bien que je sois preneuse – n’ayant pas encore tout lu ! – de tout ce qui parle de près ou de très près de cette attitude posturale de base, à bon entendeur)
Dessinée, photographiée, décrite, analysée tu fus, rendue indispensable par tant de passionnés, tes bienfaits ont conquis les poètes comme les compétiteurs… Heureux les dos qui ont eu la chance de te connaître. On entend parler de toi discrètement, rarement, et apparemment si on peut t’éviter c’est mieux ; tabou, déni ?… On ne sait. On te cherche partout, on t’attend, on ne te voit que trop occasionnellement, dans les livres, une page par-ci par-là ! Et sur le sable… il faut creuser. Oh toi, la base, le fondement, le socle, le début de tout, toi l’attitude posturale « encolure étirée bout du nez vers l’avant », l’arlésienne, décisive mais invisible ! Où es tu ?
Comme la voile sans vent, le moteur sans huile,l’artiste sans âme ou le parent sans bienveillance… « pas de bras, pas de chocolat ! », je rajoute « pas d’arlésienne, pas de dos ! ».
Alors merci à ceux qui croient encore en toi, qui te respectent, qui te mettent en avant, qui te gardent comme fondement de l’Équitation, et qui osent te montrer sans rougir :
L'association Connivence
Cette association (loi 1901 à but non lucratif) à vu le jour en 2009, créée par Emilie Haillot dans le but de promouvoir, sous la forme de stages et conférences, la complémentarité de 4 approches autour du cheval : la connaissance du cheval physique ( biomécanique, énergétique…) , la connaissance du cheval psychique (éthologie, horsemanship…) , la gestion physique et énergétique du cavalier, la technique du dressage du cheval selon les préceptes classiques.
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