« Je me suis rendu compte que la rectitude chez un cheval était l’une des choses les plus importantes qui soient…”
Tom Dorrance
Kelso est asymétrique, il est naturellement gaucher, c’est-à-dire naturellement ployé à gauche de la tête la queue. Ce qui signifie qu’à première vue, il serait facile à plier à main gauche et raide à main droite, en réalité l’ensemble de sa musculature est plus courte à gauche, donc plus difficile à étirer, ce qui explique qu’il soit plus fléchi de ce côté et qu’il soit plus difficile à plier à droite. Un ensemble de phénomènes biomécaniques s’enchaînent à partir de cette observation. Il suffit pour cela de l’observer en liberté dans le manège (surtout quand il était jeune et peu travaillé) : à main droite, il aura tendance à couper les tournants, à se coucher sur le cercle, à regarder à l’extérieur. À main gauche il fera le grand tour en restant à la piste, en fait il “tombe” sur l’épaule droite. A la longe ou monté il aura donc tendance à faire de grands cercles à gauche et à rejoindre la piste et se pliant facilement à gauche (voir en cassant l’encolure), à droite, il restera peu ployé sur le cercle ayant tendance à le raccourcir.
“Il n’existe presque point de chevaux parfaitement droits; l’homme de cheval, avec toute la perfection de l’art, passe sa vie à corriger cette imperfection.” (d’Auvergne)
Ce qui n’arrange rien dans son cas, c’est que Kelso protège son pied antérieur gauche en répercutant tout son poids à droite, mais étrangement Kelso ne posa pas tant de problèmes de rectitude que ça, j’avais vu pire.
Répercussion sur l’arrière-main, chez les gauchers, le postérieur gauche est plus facile à engager, mais il propulse moins. le postérieur droit est plus fort pour la propulsion mais engage moins. Ce qui explique que Kelso semble se traverser à gauche dans les allures non rassemblées, le postérieur gauche ayant tendance à rester sur une piste intérieur, bien visible au galop, et à écarter le postérieur droit dans le rassemblé pour éviter l’engagement : piaffer, passage, pirouette à gauche…
“…étant donné que très peu de chevaux seulement possèdent des postérieurs au développement parfaitement symétrique, la plupart seront enclins à épargner le plus faible, donc à charger d’avantage le plus fort, en le portant plus en avant. Dans le cas seulement où celle asymétrie a été reconnue de prime abord et, au cours de tout le dressage, combattue sans arrêt en cherchant, par des exercices appropriés, à fortifier le membre le plus faible, on peut avec le temps, réussir à éliminer à peu près le défaut en question, bien qu’alors il réapparaisse toujours au début des airs relevés…” (Steinbrecht)
Redresser, assouplir, équilibrer latéralement le cheval fut ma première priorité, celle que Georges Malleroni m’enseigna sur de nombreux chevaux ibériques. La rectitude, son obsession. Tout comme Paul Morand dans Milady.
Quoi de plus décevant que de voir un cheval dressé au plus haut degré de technicité équestre, être irrégulier au piaffer ou au passage, ne pas pouvoir passer de l’un à l’autre sans faire des fautes de ryhtme, se traverser dans les changements de pied, excécuter un trot allongé dont les antérieurs n’ont pas la même embrassée…
“Il a été démontré qu’un cheval ne pouvait agir librement , s’il n’était dans un parfait équilibre; or cet équilibre ne peut exister que lorsque les hanches se trouveront exactement sur la ligne des épaules : sans cela, le poids étant plus fort d’un côté que de l’autre, entraînerait nécessairement la balance, il est donc indispensable de mettre toute son attention à contenir son cheval droit.” (Montfaulcon de Rogles)
Travailler la rectitude c’est tout d’abord connaître son cheval pour adapter les exercices d’assouplissements qui pourront équilibrer ses asymétries. Rectitude ne s’obtient pas par la rigidité mais par la souplesse « …non pas une attitude rigide, ne comportant aucune flexion, mais une orientation de son avant-main sur les lignes à parcourir… » (Steinbrecht)
Comme travailler dans l’esprit de l’épaule en avant aux trois allures, sur le cercle, dans les transitions, au galop (cf La Guérinière), “Pour parvenir à mettre un cheval droit, il est essentiel de se rendre maître de ses épaules…” (Montfaucon de Rogles), travailler sur des pistes intérieures, “…le long du mur on s’illusionne et on apprend peu à marcher droit.” (Oliveira), utiliser des exercices d’assouplissement dans différentes attitudes et dans la cadence appropriée afin d’étirer le côté le plus court, assouplir le postérieur droit qui s’engage moins, donner de la force au gauche (La propulsion vient toujours du postérieur extérieur, donc le travail sur des cercles à droite et épaules en dedans à droite développe la propulsion du postérieur gauche), muscler le dos du cheval afin de permettre une bonne transmission de la propulsion vers la bouche…, importance du contact égal et constant sur les deux rênes pour le travail gymnastique.
» Le côté difficile, il ne faut pas le travailler plus longtemps, mais avec plus d’attention, plus de délicatesse.”( Oliveira)
“ C’est en passant par divers exercices sur le même pli qu’on obtient souvent l’assouplissement du côté difficile.”(Oliveira)
“ L’épaule en dedans et l’appuyer sont des exercices faits pour assouplir, pour activer et engager les postérieurs pour qu’ensuite le cheval marche droit plus actif.” (Oliveira)
La rectitude amène à la légèreté, “… le Cheval arrive droit, afin qu’il puisse se servir de ses deux hanches ensemble pour chasser le devant et le rendre léger.”( La Guérinière)
La rectitude amène à l’impulsion, “Avant de porter le cheval en avant, on devra s’assurer d’abord s’il est léger, c’est-à-dire droit d’épaules et de hanches.” (Baucher)
“C’est seulement s’il est droit d’épaules et de hanches que tu pourras monter ton cheval en avant, dans la plénitude de son impulsion et de son expression.” (Podhajsky)
La rectitude amène à l’équilibre et au rassembler, “ On doit être sans doute très étonné, qu’après avoir avancé et établi l’indispensable nécessité qu’il y a de mettre un cheval en état de tirer le plus grand parti de son équilibre, je me sois contenté de dire seulement qu’il fallait le mettre droit : ce n’est pas cependant que j’ignore que pour cela il ne soit tout aussi nécessaire de le mettre sur les hanches; mais comme on ne peut l’asseoir que préalablement on ne l’ai mis droit…” (Montfaulcon de Rogles)
L'association Connivence
Cette association (loi 1901 à but non lucratif) à vu le jour en 2009, créée par Emilie Haillot dans le but de promouvoir, sous la forme de stages et conférences, la complémentarité de 4 approches autour du cheval : la connaissance du cheval physique ( biomécanique, énergétique…) , la connaissance du cheval psychique (éthologie, horsemanship…) , la gestion physique et énergétique du cavalier, la technique du dressage du cheval selon les préceptes classiques.
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