L’engorgement n’a pas réellement dégonflé malgré du repos-grignotage depuis une semaine. Pas de boiterie mais j’attends une échographie de contrôle.
Voici néanmoins un retour en arrière intéressant puisqu’il s’agit d’une leçon avec Catherine Durand et du premier changement de pied de Kelso, ainsi que quelques conseils de Michel Henriquet sur le piaffer/passage.
Septembre 2004, Kelso a 6 ans, les progrès faits en 2 ans au niveau technique sont importants puisque du cheval maigrelet et inmontable, Kelso a prit des formes et du métier. A cette époque, nous sommes en pension chez Michel et Catherine Henriquet, j’observe au quotidien la cavalière de haut niveau dresser elle même jusqu’au Grand Prix plusieurs jeunes chevaux, nous montons le matin en même temps, l’enseignement de l’observation fut passionnant. Je prenais aussi quelques cours, “ à 6 ans un cheval doit pouvoir ébaucher tous les airs du Grand Prix” répétait le maître. Je suivais donc le courant, en me souciant d’avantage du résultat que du chemin ! Kelso continuait de tirer au renard, de m’embarquer sur la carrière, de ne pas rentrer dans un van que très difficilement, de s’effrayer de tout, nous n’avions pas encore encore découvert “l’éthologie” mais cette séance au manège n’en laisse rien paraître, Kelso s’applique, je compense beaucoup.
Nous abordons avec Catherine les exercices préparatoires du changement de pied pour en réussir un, il s’agit du tout premier changement de pied de Kelso, un de ses meilleurs pour les quelques années à venir.
“…ne jamais commencer trop tôt les changements de pied.” Podhajsky
Tout semble correct en apparence, le cheval ne se rend même pas compte du mouvement qu’il vient d’effectuer. L’animal prêt physiquement ce jour-là, du moins grâce à son influx nerveux, ne l’était pas mentalement. Les jours suivant, il se mit à chauffer dans les appuyers, à charger, se désunir, anticiper, le galop devint très compliqué, se durcissant, m’empêchant de m’assoir dans la selle.
Mon erreur est de ne pas avoir attendu d’avoir un meilleur galop ni d’avoir établi les bases réelles à cette allure, je n’avais pas non plus la sagesse et l’expérience des chevaux aussi fins.
“ Il faut une grande maîtrise de soi avec certains chevaux que la surprise des premiers changements met dans tous les états. Cet exercice est le seul qui ne puisse être atteint progressivement et insensiblement, comme c’est le cas pour le passage par exemple.” Henriquet
“Les aides du redressement sont très voisines de celles du changement de pied, aussi je vous souhaite bien du plaisir si vous avez fait l’erreur d’essayer quelques changements de pied avant d’avoir obtenu le début de galop rassemblé bien droit.” Oliveira
Plusieurs fois je repris tout à zéro, re-décomposant l’ensemble des étapes : des mois pour retrouver un galop calme sans rien demander d’autre, puis changer de pli en gardant la cadence, puis recommencer les appuyers… Mais dès que l’idée même du changement de pied était abordé, panique total, je perdais tout à nouveau. De plus en chargeant, il se heurtait sur la main, associant ce mouvement à de la douleur et à un état de stress insurmontable. Il m’inventa toute la panoplie possible des résistances à ce sujet : pieds joints, en 2 temps, traversant la carrière de travers, embarquant, changeant avec une foulée de trot entre les deux…, puis quand un côté sembla à peu près stable (quelques années plus tard), il fallut encore plusieurs années pour en obtenir un équivalent à de l’autre. Enfin, au-delà de deux changements dans une séance quand elle était bonne, blocage à nouveau. “La diversité des fautes possibles, dont on pourrait encore allonger la liste, montre clairement quel haut degré d’habileté et de souplesse un cheval doit avoir atteint, avant que le cavalier ne puisse exiger de lui ce difficile exercice.” Podhajski
J’avais monté des chevaux si faciles au changements de pied, au galop si équilibrés en centre équestre, qu’il me paraissait inimaginable de rester bloquée à cette étape, mais j’en arrivais à redouter le changement de pied lui transmettant une tension supplémentaire.
“…il y a des chevaux exceptionnellement réticents aux changements de pied…” Oliveira
Quand je croyais les choses acquises sur les isolés, nous abordions les rapprochés et l’émotionnel reprenait le dessus. Je pensais me résoudre à oublier cet air, ayant détruit tout espoir par mon ignorance, ma gourmandise et mes exigences. Résignée et déçue du constat : “Tous les chevaux passagent, mais tous les chevaux ne changent pas de pied” (Wattel), un galop naturel compliqué, manquant de force, sur un grand émotif, monté par un ignorant, pas d’espoir.
J’en rêvais la nuit, le changement de pied était une obsession, pas ceux arrachés, tordus, volés mais ceux qui gardent l’amplitude, la rectitude, l’impulsion et la légèreté d’un galop bien préparé car tout était là : la préparation. J’avais raté la pâte.
Avec du temps, Jean-Louis Sauvat m’aida à aborder les changements rapprochés et Pierre Pradier m’aida à lui donner de la force au galop. Je dirais pour paraphraser certains éthologues que “le problème n’est pas le problème” et que les progrès rescents de Kelso à cette allure semblent venir d’un retour au travail de base, à l’extension d’encolure et aux transitions vers un contact, une amélioration de l’impulsion (énergie du geste lent).
“…mettez votre cheval en situation de changer de pied de lui-même au lieu de vouloir l’y contraindre.” Beudant
“ Pour obtenir un bon changement de pied, il faut surtout perfectionner le galop initial.” Oliveira
L'association Connivence
Cette association (loi 1901 à but non lucratif) à vu le jour en 2009, créée par Emilie Haillot dans le but de promouvoir, sous la forme de stages et conférences, la complémentarité de 4 approches autour du cheval : la connaissance du cheval physique ( biomécanique, énergétique…) , la connaissance du cheval psychique (éthologie, horsemanship…) , la gestion physique et énergétique du cavalier, la technique du dressage du cheval selon les préceptes classiques.
Vous appréciez ce site ?
Partagez-le sur vos réseaux !
Merci !