Kelso était (et est toujours) le cheval parfait pour apprendre sans tricher.
Ne pas tricher, c’est-à-dire donner un sens à la recherche artistique équestre et savoir où aller. Si l’image idéale du cheval qui évolue dans cet art est souplesse, expression ample et rebondie des allures sur des rênes légères quelque soit le mouvement exécuté, cavalier disparaissant de modestie et de discrétion, alors il faut commencer par y mettre de la sincérité et du temps.
“… jamais la nécessité de pousser à fond le dressage ne doit être sacrifiée au désir d’en abréger au maximum la durée.” Podhajsky
Le fait de remonter Kelso et de prendre conscience de son réel manque de force, m’amène à réfléchir sur les 10 années passées ensemble et ce qu’il nous reste à faire.
Un mental compliqué et un manque de force avaient engendrer une locomotion compliqué au delà d’un potentiel modeste. Kelso n’avait ni rebond, ni cadence naturelle, ni une locomotion élégante qui aurait pu me valoriser, ce que j’aurais peut-être trouvé chez un cheval d’une race germanique avec un mental plus froid. Je ne pouvais alors pas « pousser avec les jambes » et « soutenir par la main » pour obtenir un trot stylisé avantageux et précipiter son dressage, tout en répétant les exercices de compétitions sans en connaître leur valeur, bien que cela me fut conseillé maintes fois « en avant, en avant, pousser… ».
“ On ne fait pas un cercle pour marcher en rond, mais pour augmenter son équilibre, son impulsion, sa position, sa cadence.” Oliveira
Ces rares tentatives contemporaines du « trot is money » comme l’exprime Pierre Pradier, finissait de l’affoler, le déséquilibrer, l’alourdir ou le renfermer. Je devais chercher plus ailleurs pour éviter les écueils souvent propres à cette race : cheval précipité et rasant, creux, instable, flottant, derrière la main…etc.
Car il faut du temps pour ne pas avoir à arrondir le cheval sur le cercle par les jambes et la main, du temps pour qu’il se tienne seul dans une cadence régulière sans que la main soutienne chaque foulée, du temps pour conserver impulsion et propulsion sans que les jambes n’aient à agir aussi à chaque foulée, du temps encore pour que les mouvements lui deviennent faciles, agréables et non rebutants, du temps enfin pour que ses allures naturelles soient respectées et s’embellissent par la gymnastique et le plaisir qu’il met à manier et non rendues artificielles par des aides disgracieuses agissant en force.
« Qu’on oublie jamais que le dressage doit être une gymnastique réglée mais non pas une méthode de contrainte, et que le corps du cheval ne doit pas être coulé d’un seul coup dans le moule souhaité, mais rendu progressivement capable de se plier sans effort à cette forme. » Steinbrecht
Donner au cheval les moyens d’agir afin de ne plus agir soi-même, c’est cela qui prend des années car cela passe par une compréhension de son mental, de sa locomotion, de l’utilisation réfléchie des exercices. Il est finalement facile de faire « piaffer », « passager », « changer de pied », ou « appuyer » un cheval car de nombreux moyens existent, il est plus difficile de cheminer pour le faire juste. Améliorer le mouvement et l’équilibre sans le rendre artificiel et dénaturer les allures, conserver son cheval jusqu’à un certain âge sans qu’il soit multi-infiltré demande plus de réflexion que l’exploitation simpliste d’une belle mécanique. Je préfère avoir un cheval de 14 ans qui trotte mieux qu’à 4 qu’un cheval de 10 ans raidi par des années de gains et d’incompréhensions.
“Que l’on amène un cheval jusqu’à la haute école, à l’âge de huit ans, mais qu’il soit usé et inutilisable à dix ans, n’est pas une prouesse qui puisse ébranler les principes de l’équitation classique. Au contraire, elle fournit simplement la preuve que la recherche de l’effet et certaines aberrations dues à la vanité ne contribuent en aucune façon au développement de l’art équestre. La réduction inconsidérée de temps consacré au dressage ne conduit qu’à la médiocrité, à la caricature des mouvements et à l’usure prématurée du cheval. La nature ne se laisse pas violenter.” Podhajsky
Consciente que c’est par mes erreurs que je poursuis ce long chemin, déçue sur les vidéos par ma propre présence, et après le constat que le cheval se déplace mieux par un travail d’assouplissements à la longe sans cavalier que lorsque je le montais tous les jours, j’entrevois que notre prochain étape brillera sous l’effort de me faire oublier. Car lui sait déjà.
L'association Connivence
Cette association (loi 1901 à but non lucratif) à vu le jour en 2009, créée par Emilie Haillot dans le but de promouvoir, sous la forme de stages et conférences, la complémentarité de 4 approches autour du cheval : la connaissance du cheval physique ( biomécanique, énergétique…) , la connaissance du cheval psychique (éthologie, horsemanship…) , la gestion physique et énergétique du cavalier, la technique du dressage du cheval selon les préceptes classiques.
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