Retour pour une quinzaine de jours au Fief de la Panetière, domaine de Michel et Catherine Henriquet où Kelso a déjà passé 6 années à mes côtés. L’animal a reconnu, il se souvient de l’état fébrile qui l’animait à chaque recoin de la propriété. Cela fait 4 ans mais tout son corps s’émeut à nouveau aux mêmes endroits bien que la cause première ait souvent disparu.
Pourtant Kelso a gagné en maturité et la fébrilité qui renaît de sa mémoire cellulaire lui donne un tout autre brillant que celui de la démonstration molle du week-end dernier. Ici, nous reprenons le travail comme si une grande échéance en dépendait, il s’applique et s’enorgueillit à l’image de la grande carrière si bien entretenue. Je profite de mon séjour pour demander à Catherine des conseils sur l’approche des changements de pied au temps. Kelso m’en a volé récemment quelques-uns en souvenir de l’année dernière, mais les avoir à la demande est bien plus difficile. La première étape est donc d’obtenir deux changements au temps aux deux mains.
Je suis gourmande c’est vrai, le changement de pied au temps est un rêve, une finalité, le dernier air que je souhaite lui apprendre et que nous apprendrons ensemble. Car bien qu’ayant déjà eu la chance de monter des chevaux dressés et pu goûter occasionnellement au plaisir de cette difficulté, mon corps n’y est pas rodé, et Kelso reste émotif dès que le thème du changement de pied est abordé ( je dirais que moi aussi). Ayant que peu répété obstinément les gammes de changements de pied ( 4 temps, 3 temps, 2 temps), je sais que nous n’y sommes pas parfaitement calés, mais je ne souhaite pas attendre leur perfection avant d’aborder cette nouvelle difficulté. C’est surtout que j’ai peur d’attendre ad vitam aeternam et tant pis, est-ce une erreur, je tente l’expérience. C’est pour nous l’air le plus difficile.
Pour Catherine, pas besoin de passer dans la séance par toutes les étapes des 4,3 et 2 temps, les changements de pied au temps sont une allure à part entière. Nous commençons donc par quelques changements isolés sur une ligne droite intérieure, puis rapidement la demande des temps. C’est très difficile, le cheval par anticipation trouve rapidement comment se ployer et se coller à mes aides trop indélicates afin de ne pas changer du tac au tac. Un vrai problème de rectitude s’installe et Catherine me fait travailler la cession sur quelques foulées puis redresser bien droit plusieurs fois de suite sur la même longueur. La rectitude (contrôle latéral et longitudinal) est la condition pour permettre le geste, et Catherine en est la reine. Autre élément important, je ne veux surtout pas le dégoûter de cet exercice par mes inexactitudes.
Je me souviens d’un avant et d’un après la tentative de changements au temps : avant je réfléchis, j’essaye de m’installer, de regarder loin comme elle me le conseille ; après je ne me souviens pas du « pendant », j’ai subi ma contraction, je n’étais plus dans mon corps. Pourquoi ce mouvement engendre t-il tant de perte de contrôle ?. Je sais juste que je me suis raidie, soulevée de la selle, jambes dans tous les sens comme un mauvais rêve… ce n’est pas élégant et cela le gêne.
Catherine me conseille d’enlever les étriers, de lui demander à l’assiette seule, sans jambes, mais j’ai encore malheureusement l’impression inconsciente qu’il me faut faire un effort physique important pour obtenir cet important mouvement. Je ne réussirais que lorsque j’aurais physiquement intégré le contraire. Cela me rappelle les conseils de Jean-Louis Sauvat au piaffer : plus je suis lourde, molle et inactive (travail sur l’énergie intérieure) , plus le cheval est réceptif et s’élève sans son piaffer, plus je m’agite et utilise la force superficielle des aides, plus il s’éteint.
Au boulot la cavalière et merci à l’animal de m’avoir malgré tout généreusement donné plusieurs fois le changement de pied au temps.
L'association Connivence
Cette association (loi 1901 à but non lucratif) à vu le jour en 2009, créée par Emilie Haillot dans le but de promouvoir, sous la forme de stages et conférences, la complémentarité de 4 approches autour du cheval : la connaissance du cheval physique ( biomécanique, énergétique…) , la connaissance du cheval psychique (éthologie, horsemanship…) , la gestion physique et énergétique du cavalier, la technique du dressage du cheval selon les préceptes classiques.
Vous appréciez ce site ?
Partagez-le sur vos réseaux !
Merci !