Je me suis fixée un petit objectif, qui ravive la routine quotidienne d’un travail de base où la diversité des moyens de« travail » avec Kelso ont été diminués, et ce pour quelques mois. Nos sorties en extérieur se limitent à des promenades au pas en main, je ne le monte plus non plus, il nous reste donc toute la communication au sol.
« C’est bien de tomber enceinte de temps en temps, ça permet au cheval de faire des progrès ! »… S’exprimait Pierre Pradier avec cynisme (ou pas) au dernier stage.
Jusqu’où peut-on développer la prise en charge du cheval par lui-même dans les exercices de haute école dont il connaîtrait déjà le mouvement par un enseignement classique ? Tout en essayant de conserver la justesse du geste sans tomber dans une exécution caricaturale.
Objectif
L’idée est qu’il puisse exécuter une volte serrée hanches en dedans au galop autour de moi, proche de la pirouette, sans contrainte, suivant une demande vocale et/ou gestuelle discrète. C’est-à-dire sans l’utilisation de la main/jambe/assiette pour ralentir le galop, sans instrument de contrainte pour forcer le mouvement (cavalier, éperon, tensions des rênes…) mais en gardant l’activité, la rondeur, le rassembler, les 4 temps du galop de pirouette sans qu’il se creuse.
Réflexions sur les mécanisme d’apprentissage
Une double préparation se met alors en place, l’une physique, l’autre mentale. Tout en visionnant constamment l’image finale, il s’agit de décomposer les étapes d’apprentissage qui lui feront comprendre et exécuter le mouvement de lui-même par recherche et jeu. Que « mon idée devienne son idée », je dois l’amener à trouver.
> Instaurer donc un code qui amènera Kelso à venir de lui-même prendre le galop rassemblé (à la voix) , dans une attitude ramenée (attitude naturelle), venir les hanches en dedans en ralentissant le galop quasiment sur place tout en gardant l’incurvation (lorsque je lèverais la main ou la chambrière vers sa croupe).
> Adapter les exercices de préparation biomécanique qui vont lui permettre d’accéder facilement au mouvement attendu, en créant la “position” qui mènera à “l’action”. J’aurai donc besoin d’un galop très lent et rassemblé, un abaissement des hanches, un dos qui monte, une incurvation intérieure, un engagement du postérieur intérieur, et le postérieur extérieur qui reste engagé et qui vient sous la masse ramener les hanches vers l’intérieur de la volte. Il s’agit donc de mettre en place les lettres, avant de faire les syllabes puis la phrase.
> Moyens : en utilisant les notions “d’éthologie” qui pour moi sont le moyen idéal pour tout apprentissage du cheval quel que soit l’objectif, comme une philosophie accompagnant finalement les “hommes de chevaux” que faisaient nos écuyers des temps passés. Non comme une discipline en soit, je préfère l’appréhender comme un langage que l’homme doit apprendre avant toute approche du cheval. De manière à enrichir ce que les sages écuyers nous enseignaient (comme « demander souvent, se contenter de peu, récompenser beaucoup »).
Malheureusement, je n’ai encore que peu d’expérience encore dans cet approche du « horsemanship », le cheval me pardonnera je l’espère mes erreurs de timing et autres fantaisies.
C’est là où le jeu est passionnant.
Premières étapes (vidéo)
Étape 1 :
Kelso est un cheval angoissé de mal faire, manquant d’équilibre et de force au galop, mais il connaît et exécute correctement la pirouette au galop classique monté. Pour obtenir l’engagement du postérieur intérieur et la montée du dos dans le départ au galop, je le prépare calmement sur une petite volte au pas en descente d’encolure et en légère épaule en avant. En bosal uniquement pour ne pas multiplier les stimuli.
Puis, essayer d’obtenir à la voix des départs au galop sur la volte après cette préparation de la position ne pouvant engendrer qu’un départ dans la bonne attitude. J’attends que la position soit optimale puis je prononce “gaaa-lop”. Dans les premiers temps (les jours précédents), il se jetait au galop précipitamment, oreilles en arrière, pieds joints voir désuni à gauche soulignant de la difficulté physico-psychique de ce que je lui demandais. Il aurait été bien évidemment plus facile pour lui de partir en se creusant et en relevant la tête. Il faut donc dédramatiser ce départ en le rendant facile (répétition du mouvement) et en lui faisant comprendre que je n’attends rien d’autre qu’une foulée (confort/inconfort) après laquelle il peut s’arrêter et être caressé.
Par la suite, il se mit à anticiper et continue de le faire : sachant ce que je vais lui demander, il réagit avant tout à la position de préparation en multipliant les départs une fois qu’il se trouve dans la bonne attitude sans attendre ma demande vocale. C’est très bon signe, je le repasse au pas systématiquement et attend qu’il se calme et se reconnecte.
Etape 2 :
J’utilise la chambrière à l’arrêt pour le faire « céder à la pression », si fine soit-elle, et venir vers moi avec ses hanches, surtout le postérieur extérieur. D’abord avec la mèche à l’extérieur puis juste en « l’aspirant » chambrière levée, le but étant de ne plus me servir de cet instrument à terme.
Etape 3 :
Retrouver la même réponse au pas, le postérieur extérieur qui ramènerait les hanches vers l’intérieur. Mais ce code correspond aussi à la demande du piaffer en liberté, il me le fait comprendre, je dois être plus précise et plus progressive.
Pour la suite, chercher à affiner la compréhension demande/réponse de ces premières étapes et passer à une quatrième qui serait d’obtenir cette hanche en dedans en gardant l’incurvation, car le fait de déplacer les hanches d’un côté entraîne la tête de l’autre et inversement, la difficulté va être de lui faire comprendre qu’il faut qu’il s’arrondisse dans l’esprit de l’appuyer et qu’il ramène les deux bouts en dedans, beaucoup moins instinctif.
A suivre …
L'association Connivence
Cette association (loi 1901 à but non lucratif) à vu le jour en 2009, créée par Emilie Haillot dans le but de promouvoir, sous la forme de stages et conférences, la complémentarité de 4 approches autour du cheval : la connaissance du cheval physique ( biomécanique, énergétique…) , la connaissance du cheval psychique (éthologie, horsemanship…) , la gestion physique et énergétique du cavalier, la technique du dressage du cheval selon les préceptes classiques.
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